PubGazetteHaiti202005

219e année de l’assassinat de Dessalines : Laurent Saint-Cyr appelle à l’action concrete et aux résultats pour Haïti

.

Ce vendredi 17 octobre 2025, à la Villa d’Accueil, le Conseil présidentiel de transition (CPT) a commémoré les 219 ans de l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines, père fondateur de la nation haïtienne. En l’absence des traditionnelles cérémonies au Pont-Rouge, l’événement s’est voulu sobre, mais chargé d’émotion et d’appels au sursaut national. Dans son discours, le président du CPT, Laurent Saint-Cyr, a invité le peuple à transformer la mémoire en action, rappelant qu’Haïti n’a plus le luxe du temps perdu.


La cérémonie s’est ouverte sous un ciel lourd de silence. La sonnerie aux morts a retenti, marquant un moment de respect solennel pour le héros de Vertières et pour tous ceux qui ont donné leur vie à la liberté. Puis, un texte de Patrice Salomon en hommage à la mémoire nationale, suivi d’un spectacle profondément symbolique intitulé « Mon corps se souvient », interprété par la troupe d’Erol Josué. Ce spectacle, à la croisée de la danse et du rituel, a voulu exprimer la persistance du souvenir et la transmission d’une histoire douloureuse, mais fondatrice. Un moment de silence a ensuite été observé, invitant chacun à méditer sur la signification du sacrifice de Dessalines dans une Haïti en quête de liberté.

Depuis plusieurs années, la commémoration de la mort du père de la nation ne se déroule plus dans les lieux emblématiques du Pont-Rouge. Cette année encore, le choix de la Villa d’Accueil, symbole d’un État en repli, a marqué la continuité d’une commémoration adaptée à la réalité d’un pays confronté à l’insécurité.

Dans son discours, Laurent Saint-Cyr se pose en homme d’actions . « Nou pa gentan anko aksyon, aksyon, aksyon se sa pèp ayisyen an ap mande epi rezilta ! ( nous n’avons plus de temps à perdre, le peuple veut des actions!.» a-t-il lancé. Le président du CPT a fustigé les promesses sans lendemain, insistant sur la nécessité d’une gouvernance responsable et de mesures concrètes. « Le peuple haïtien n’attend plus des discours, mais des actions concrètes », a-t-il martelé, évoquant les défis sécuritaires, économiques et institutionnels qui minent la société.

Toujours selon M. Saint-Cyr, les maux qui rongent aujourd’hui la République, la criminalité, la misère et la corruption menacent directement l’héritage de Dessalines. « Nos ancêtres ont versé leur sang pour que nous vivions libres et dignes. Nous ne pouvons pas trahir ce sacrifice en laissant les forces du chaos régner », a-t-il ajouté avec fermeté.


Abordant la question importante de la sécurité, Laurent Saint-Cyr a dénoncé les bandes armées et réseaux criminels transnationaux responsables de la terreur quotidienne des Haïtiens. Il a rappelé que la restauration de l’ordre public est une condition préalable à toute reconstruction du pays. Pour y parvenir, il a annoncé la volonté du gouvernement de renforcer les effectifs de la Police nationale d’Haïti (PNH), de moderniser ses équipements et de doter les forces de l’ordre des moyens nécessaires pour faire face à la menace.

En revanche, le chef du CPT a aussi évoqué les limites du déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), placée sous mandat de l’ONU : « Sur les 2 500 membres prévus, seulement 1 000 ont été déployés, et beaucoup sans matériel adéquat. Nous devons tirer les leçons de ces insuffisances. »

De plus, Laurent Saint-Cyr a profité de cette occasion pour saluer les efforts diplomatiques récents, notamment l’appui des États-Unis et du Panama au Conseil de sécurité des Nations Unies pour l’adoption d’une résolution favorable à Haïti. Il a aussi remercié une cinquantaine de pays ayant exprimé leur solidarité dans la lutte contre l’insécurité. Cependant, il a tenu à rappeler que « le vote n’est qu’un premier pas » : sans volonté politique et sans coordination entre les partenaires, l’aide internationale risque de rester symbolique.

« Nous devons continuer à agir et à dialoguer avec nos alliés pour que la sécurité d’Haïti devienne une réalité, pas un vœu pieux », a insisté le président du CPT. Pour lui, la solidarité internationale doit se traduire par des actions concrètes : soutien logistique, renforcement institutionnel, et accompagnement durable.


Le président du CPT a ensuite abordé la transition politique, rappelant que la mission du Conseil est temporaire, mais décisive. Son mandat prendra fin le 7 février 2026, et d’ici là, le pays doit se doter d’institutions légitimes. « Les élections ne sont pas une option, mais une obligation », a-t-il déclaré, en appelant à la mobilisation de toutes les forces vives : partis politiques, institutions, société civile et diaspora.


Le Conseil électoral provisoire (CEP), a-t-il souligné, doit accélérer ses travaux, mobiliser son personnel et présenter dans les plus brefs délais un calendrier électoral clair. Il a par ailleurs assuré que l’exécutif ne s’ingérera pas dans le processus électoral : « Notre devoir est d’assurer la sécurité, la confiance et la stabilité nécessaires pour que chaque citoyen exerce son droit de vote librement. » Concernant la question des élections, il a rappelé que chaque institution a un rôle précis à jouer. Le gouvernement, de son côté, a déjà prévu un financement national de 65 millions de dollars américains.
Dans le budget 2025-2026, une enveloppe plus importante a été allouée au fonctionnement du processus électoral, afin d’en garantir la réussite. Le CEP, a-t-il ajouté, a déjà identifié la majorité des centres de vote ainsi que le personnel électoral appelé à y travailler.

Cet engagement vise à restaurer la confiance d’une population longtemps méfiante à l’égard des autorités d'Haiti. Dans la dernière partie de son discours, Laurent Saint-Cyr a tenu à rappeler la valeur inestimable de l’unité nationale. Évoquant les divisions historiques qui ont souvent affaibli Haïti, il a appelé à dépasser les rancunes partisanes et les querelles personnelles.


Le président du CPT a aussi salué le courage des policiers et soldats tombés dans la bataille pour la pacification du pays, notamment à Sainte-Anne et à Red-empile, assurant que leur sacrifice « ne sera pas vain ».

 

 

 

Par Arnold Junior Pierre

Politique

Culture

Economie

Sport